Mon cher Franck,
Sur les parois de ma mémoire se répercute l’écho de nos rires bêtes qu’on s’était inventé, à notre première rencontre quand nous étions enfants. Ils mettaient au défi, chaque demande parentale. On les répétait à satiété, à chaque interaction, à chaque remontrance, tout en nous affairant à ce que les parents nous demandaient de faire, sans quoi je pense qu’on aurait pris une belle soufflante. Plus on les répétait plus ils venaient facilement, alors on y ajoutait une grimace. Au début, exaspérés les parents esquissaient un sourire qui petit à petit devenait de plus en plus amusé, à nos rires devenus communicatifs.
C’était le premier Noël passé ensemble. Au cours de ce Noël un différend parental nous a éloigné. Peu habitué à se voir régulièrement, on s’est vu occasionnellement, puis essentiellement au cours de cérémonies mortuaires qui ont particulièrement touché notre famille.
Malgré le fait qu’on s’est très peu vu il y a un lien familial qui nous unissait. Nous étions l’un envers l’autre sans jugement, on pouvait vraiment tout se dire. Lors de nos dernières communications au téléphone qui ont suivi tes problèmes de santé je sentais bien qu’il ne fallait pas te demander un impossible régime à suivre. Ce n’était pas de l’inconscience de ta part mais bien au contraire une conscience claire de savoir parfaitement qui tu étais.
Adieu donc mon Franck, ton rire, cette promesse enfantine faite à la vie, résonnera toujours en moi.
Guillaume.